Grimper au bout du monde, à Pen Hir

Texte de Philippe

C’est près d’une vingtaine d’irréductibles lémuriens qui se sont lancés le jeudi 9 septembre à l’assaut des plaines de la campagne armoricaine.

Tous parfaitement frais et dispos nous avons embarqué dans le train de 7h pétante à destination de Brest l’insoumise. Une fois arrivés dans cette belle ville, nous nous sommes tous dirigeait vers le gite des "amis de la mer". Bien que certains aient pris le temps de faire escale sur le port de Camaret, les premières cordées se sont lancées dès l’après-midi à l’assaut des falaises escarpées de Pen Hir, et ce sans même prendre le temps saluer le fameux curé.

Ce premier jour a été l’occasion pour tous de revoir les bases sur les dalles de Pierre et de Verre. C’est avec bonheur que chacun a pu découvrir aux pieds du grès quartzique armoricain, l’Atlantique à perte de vue et l’épave de ce qui, on l’imagine, aurait pu être un navire de contrebande. Une fois ces premiers repères pris sur des voies allant du 5b au 6a, nos pirates en herbe ont été accueillis dignement, non pas par une bouteille de rhum, mais plutôt par les pintes de bière de l’amie Georgette. Entre nous, cette aimable flibustière semblait au vu des poils qu’elle avait au menton s’appeler plutôt Georges.

Pendant les jours suivant les groupes de lémuriens se sont éparpillés sur tous les secteurs que pouvait offrir la belle pointe de Pen Hir. Les rappels faisant atterrir ces petites colonies les pieds dans l’eau. Ainsi chacun consultait non seulement les topos mais également l’annuaire des marées afin de ne pas prendre de manière anticipée une bonne douche d’eau salée. Entre couenne et grande voie, la falaise offrait de beaux défis pour tous les niveaux.

Les Cristaux donnés ainsi à contempler de scintillantes voies de couenne à ceux assez téméraires pour affronter les vagues de l’atlantique. Le Menhir permit même aux débutants de gravir un magnifique « bitard » fouetté par les embruns dans des voies de 5c au 6b. Ces belles journées furent également l’occasion d’initier au rappel et à la grande voie sur des rochers parfaitement équipés. C’est ainsi qu’au long de la Grande Falaise, des Funambules parisiens purent porter assistance au CAF de Rennes, tout en expérimentant sans effort aucun un magnifique gaz au-dessus des flots.

Les amateurs de trad ne furent pas en reste car ils purent jouer du coinceur aussi bien dans le secteur de couenne des Batardes que dans des grandes voies. Malgré ce que certains sudistes mal embouchés auraient pu imaginer jamais durant ces épiques escalades Bélénos ne fis tomber le ciel sur la tête de notre joyeuse troupe de grimpeurs. En effet, loin d’être embrumé, le sommet des voies semblé peuplé de touristes étonnés de voir dépassé la tête d’un lémurien.

Ces rencontres fugaces furent l’occasion de discussions à bâtons rompus sur le rapport de chacun au droit à l’image. Les soirées ne manquaient pas non plus de convivialité. C’est autour de plateau de fruits de mer pantagruélique et de filet de maquereaux péchés au pied des falaises et offerts par notre hôte que les cordées s’organisaient chaque soir. Un verre de blanc à la main et nos assiettes pleines de quelques sardines et de fenouils grillés, nous choisissions à la fois les voies du lendemain et la manière d’équiper la croix de Lorraine trapues siégeant au sommet des voies. Le retour se fit par le même train qu’à l’aller.

Des lémuriens grisés par ce grand bol d’iode (et les restes de chouchen de l’anniversaire d’Olivier) ont tenu éveillés tout un wagon de bretons tristes à l’idée de quitter leur belle contrée, aux denses forêts et aux rochers balayés par les rafraichissantes ondés de Toutatis.