L’escale : une novice livre ses premières impressions

Un mur, en face de soi. De la roche, blanche et ambrée, comme unique paysage. En dessous, aussi dense qu’impalpable, le vide. Quelque chose que l’on n’ose regarder, comme s’il allait nous aspirer, nous précipiter vers la chute, l’inconnu. Les jambes tremblent. Les bras n’ont plus de force. Et une unique corde nous retient à la vie.

On se dit qu’on n’y arrivera pas, qu’on préfère redescendre, on a déjà grimpé la moitié du chemin, après tout.

On se dit que ce sont les autres qui y arrivent, pas soi.

On se dit qu’on est bloqué, c’était la mauvaise voie, on fait fausse route. On aura beau concentrer toute son énergie dans son pied droit, dans son bras gauche, il n’y aura plus de prise, et si l’on se lance, si l’on prend son courage à deux mains, à deux pieds, notre poids sera trop lourd, on glissera… Mieux vaut en finir maintenant, on y arrivera un autre jour, une prochaine fois, on ne sait quand.

Mais l’escalade est une école de la vie. La peur, la fatigue, le manque de confiance en soi peuvent être dépassés, surmontés, effacés d’une flexion de jambe, d’un élan du corps, d’une voix qui porte, qui nous porte.

Une voix. Des voix qui nous guident, nous conseillent, un chemin imaginaire tracé par des cordes, cette fois-ci vocales. Un fil invisible tissé de chaleur et de bienveillance, d’encouragements et de douceur. Notre esprit s’y agrippe, s’y cramponne, le corps soutenu par des paroles qui viennent de la terre, tentant de nous pousser un peu plus loin, un peu plus haut, vers le ciel.

Et les fissures deviennent des cavernes recelant des trésors inexplorés, les failles des possibilités d’horizons multiples, le vide un grand matelas cotonneux et protecteur grâce à la personne, en bas, qui veille. Alors on oublie tout, tout sauf ce cordeau de vie tenu par cet être vigilant qui nous permet d’avancer, à notre rythme, patiemment.

De nouveaux pas s’esquissent, tant pis si l’on chute, on en repartira encore plus fort, et l’on chutera encore, et ce sera un nouveau départ, une nouvelle quête de risques, un labyrinthe à plusieurs portes où l’on s’égare, pour mieux se retrouver, encore.

Le mur : un dialogue entre soi et la pierre, entre ses doutes et son courage, entre la confiance en soi et en l’autre.

Un lieu de souffles et de silences, de rires et de conseils, d’entre-aides.

Un point d’arrêt pour se ressourcer, à l’écart de l’horizontalité des jours. Une parenthèse qui ne se ferme pas, qui poursuit sa route dans notre tête. Une escale pour les bateaux que nous sommes, qui continueront leurs traversées, plus confiants en la solidarité, en l’humain - plus apaisés, plus sereins.

 

Le Mur : un immense sourire qui n’en finit pas d’éclaircir mon visage, l’annonce d’un été beau et lumineux, un souvenir ancré dans les pieds, les bras, les côtes : courbatures de joies, écorchures de plaisirs, égratignures de bonheurs.

Par Amandine, des Tabliers Volants qui participait à la fête du mur, version 2017.